Antoire Furetère et le café
Dans un épais volume d'Antoire Furetère (1619-1688), édité en France en 1684, on trouve une savoureuse description du café, on peut y lire :
"Le café est une boisson faite à partir d'une sorte de graine noire qui ne pousse qu'en Arabie la bienheureuse et qui est très appréciée dans l'Orient, mais ne l'est que depuis trente ans en Occident.
En Turquie, on trouve des "Maisons de café" où l'on peut le boire dans les tavernes, comme du vin.
On obtient cette boisson à partir de l'écorce des graines. Elle possède les plus hautes vertus; on la grille sur le feu et on prend trois drachmes de cette poudre que l'on verse dans un litre d'eau bouillante, ou une bonne cuillerée pour trois tasses.
La plante est toujours verte et a l'avantage d'être chaude et sèche.
Le café renforce les membres et fait s'exhaler du corps un parfum envoûtant, il guérit l'intestin constipé, rétablit la bile malade, nettoie le sang, chasse la migraine et l'hydropisie, plus d'un lui attribue les mêmes vertus que celles du thé.
On s'offre cette boisson à toute heure, mais au moins trois fois par jour, on doit le déguster quand il est bien chaud mais à petites gorgées, sinon on risque de se brûler.
Il se révèle aussi très efficace lors de longues discussions éprouvantes. Son goût est amer et il sent le brûlé, mais on s'y habitue après deux jours. Pour diminuer ce désagrément, on ajoute un peu de girofle et de sucre.
Deux médecins arabes, Razes et Avicène, si célèbres, sont les premiers à avoir mentionné le café, comme le fit aussi Prosper Alpinus dans son livre de plantes d'Egypte."